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SPECIAL ACTUALITE – Semiconducteurs : à chacun sa crise

L’économie dans son ensemble inquiétée par la pénurie des semiconducteurs

 

Jamais la demande en semiconducteurs n’a été aussi élevée. Ceux-ci occupent une place importante dans notre vie de tous les jours, puisqu’on les retrouve en effet dans de très nombreux appareils divers et variés : téléviseurs, appareils électroménagers, automobiles, dispositifs informatiques ou encore smartphones

Plusieurs facteurs expliquent la pénurie géante de puces électroniques. Les premiers confinements et l’incitation au télétravail ont fait exploser la demande. Le lancement des nouvelles consoles Sony et Microsoft, l’essor des véhicules électriques ainsi que des cryptomonnaies justifient ce besoin croissant.

En effet, l’évolution récente du Bitcoin et des cryptomonnaies a également déclenché une hausse de la consommation de semiconducteurs. Les cryptomonnaies utilisent du matériel informatique et des cartes graphiques. Les mineurs ont en charge d’émettre le Bitcoin et autres cryptomonnaies, mais pour cela, ils ont besoin d’acheter une grande quantité de carte graphique pour faire tourner leurs algorithmes.

De plus, durant la pandémie, la demande en ordinateurs et les ventes de smartphones ont fortement augmentées. Les dépenses dans les infrastructures cloud ont explosé. A titre d’exemple, le secteur des ordinateurs PC enregistre une hausse de 4,8% par rapport à 2019. La 5G, les microcontrôleurs et la profusion des objets connectés participent aussi au boom du secteur.

L’industrie automobile freinée par la pénurie

Suite au Covid-19 et au premier confinement, les constructeurs automobiles ont réduit leur commande de semiconducteurs. Cependant, à tort, car l’industrie a redémarré plus vite que prévu après la crise sanitaire. Les fondeurs, c’est-à-dire les fabricants de puces électroniques, ont réagi en réorientant leur production vers les produits électroniques.

Indispensables dans la construction de véhicules de plus en plus modernes, les semiconducteurs sont utilisés notamment dans les airbags, le contrôle du système de freinage, la connexion Bluetooth ou encore la climatisation.

Les composants électroniques ont véritablement pénalisé l’industrie automobile. Le secteur a dû réduire la production de véhicules, l’ajuster en fonction des stocks disponibles et décider de la mise à l’arrêt de certaines usines. Des centaines de milliers de voitures n’ont pas été produites au premier semestre 2021 à cause de cette pénurie.

Le manque de composants électroniques a ainsi provoqué une baisse du chiffre d’affaires dramatique pour les constructeurs automobiles. On estime que 1 million de véhicules ne seront pas produits en raison de cette carence. Le secteur n’est pas aidé, il tire les prix vers le bas et n’est donc pas prioritaire. En revanche, les géants de la tech payent plus chers ces puces et se retrouvent donc favorisés par les fournisseurs.

 

Quels plans de relance aux Etats-Unis, en Chine et en Europe pour une pénurie plus longue que prévu ?

La « guerre froide technologique » entre les Etats-Unis et la Chine est alimentée par cette problématique des semiconducteurs. La croissance économique est l’enjeu principal, mais si aucune solution n’est trouvée, cette reprise sera alors dans une situation périlleuse.

Les grandes puissances industrielles ont eu une prise de conscience de l’importance de ce secteur stratégique. L’enjeu pour ces pays est aussi de maintenir leur souveraineté nationale. Dépendre d’un autre pays, contrarie profondément les puissances économiques.

La Chine et les Etats-Unis ont commencé à entreprendre des mesures pour réduire cette dépendance technologique. « L’empire du Milieu » met tout en œuvre pour augmenter sa production nationale. L’Etat Chinois a prévu de débloquer pour son nouveau plan quinquennal 88 milliards de dollars pour être autosuffisant à hauteur de 70% des parts de marché. Il a embauché dans ses usines du personnel de Taiwan et de la Corée du Sud. En un an, plus de cent ingénieurs de TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company), plus grand fabricant de puces électroniques au monde, ont rejoint la Chine. La stratégie employée inquiète profondément la société concernée avec le risque de vol de secrets industriels.

Quant aux Etats-Unis, ils ont prévu de réagir rapidement avec un plan de relance ; le président américain, Joe Biden, va signer des décrets pour revoir la stratégie dans les chaînes d’approvisionnement et identifier des décisions qui pourront être prises rapidement. Le pays de l’oncle Sam a même offert des subventions à TSMC et Samsung afin de les attirer sur le sol américain.

Ces derniers temps, nous assistons à une alliance Etats-Unis-Europe contre la Chine. Apple a annoncé un investissement de plus d’un milliard d’euros pour faire de Munich la place-forte pour la conception de puces électroniques en ouvrant le plus grand centre de recherche européen. Il s’agit d’une excellente nouvelle pour l’Europe qui est en retard en comparaison de la Chine et des Etats-Unis. Le choix de la capitale bavaroise comme centre de design de semiconducteurs n’est pas un hasard et s’explique de façon historique, car le groupe américain s’était déjà installé à Munich en 1981.

En Europe, sortir de la crise des semiconducteurs est une priorité. L’objectif est d’atteindre 20% des parts de marché. Actuellement, l’Europe possède seulement 9% du marché en volume. Il y a une réelle volonté européenne de produire des puces électroniques. Pour satisfaire ces ambitions, un investissement de 20 à 30 milliards d’euros serait nécessaire. L’Europe possède des constructeurs comme STMicroelectronics, Infineon et NXP de bien plus petite taille que leurs principaux concurrents (voir carte ci-après). Aucune de ces trois sociétés n’a besoin des entreprises asiatiques pour produire ses puces électroniques. Cependant, elles ne sont pas capables de produire des semiconducteurs de qualité de moins de 5 nanomètres. A titre d’exemple, le prix du microcontrôleur de STMicroelectronics a augmenté de 2 dollars à 14 dollars. Pour les consommateurs, cette guerre est une mauvaise nouvelle, le prix des véhicules et des appareils électroniques devrait augmenter.

Par ailleurs, Thierry Breton, commissaire européen a annoncé vouloir bâtir une alliance européenne pour l’électronique en réunissant treize Etats de l’Union Européenne. Les choses bougent en Europe, l’idée est de créer une filière européenne.

Il y a urgence, l’Allemagne a perdu son champion national, Dialog Semiconductor, racheté par les Japonais pour 5 milliards de dollars. L’Europe doit jouer ses atouts pour diminuer sa dépendance et renforcer son poids dans les relations commerciales. L’Asie est quant à elle devant en termes de production, mais l’Europe est meilleure en termes de recherche et développement avec notamment ASML dans la fabrication d’équipements.

Les producteurs de puces électroniques

La pénurie de semiconducteurs a dévoilé la dépendance des pays occidentaux aux producteurs en grande partie asiatique. L’industrie est concentrée entre la Chine, le Japon, la Corée du Sud et Taiwan, leaders dans le domaine, à eux quatre, ils représentent en effet 70% du marché. L’Asie détient le monopole avec l’essentiel des fondeurs chargés de passer de la théorie et des modèles 3D à la micropuce. Intel est une des rares sociétés occidentales faisant de la résistance, cependant, elle réfléchit à sous-traiter sa production localement. Même si, les Etats-Unis possèdent la technologie de pointe pour produire ces composants, ils ne détiennent que 12% de la production mondiale. Les sociétés concernées ont écrit au nouveau président américain l’incitant à augmenter la production.

Si la croissance des semiconducteurs ne fait qu’augmenter, nous ne pouvons pas en dire autant des entreprises capables de les produire. La demande de puces est largement supérieure à la capacité des usines. Très peu de pays ont accès à cette technologie. Un budget et un savoir-faire importants sont nécessaires. Le coût pour construire une usine est pharamineux. Il faut 4 mois et plus de 200 opérations à l’échelle microscopique pour les produire. En outre, selon TSMC, construire une nouvelle usine de semiconducteurs prend au minimum 3 ans. Pour toutes ces raisons, la pénurie pourrait ainsi durer jusqu’au premier semestre 2022.

Echelle en chiffre d’affaires des leaders mondiaux du secteur

 

La société taïwanaise TSMC est un acteur majeur des semiconducteurs. L’entreprise a créé le métier de fondeur de puces en 1987. Il s’agissait d’un énorme pari à l’époque, mais il s’est avéré payant. Aujourd’hui, TSMC représente plus de la moitié de la production mondiale et ne peut pas satisfaire la demande globale. Les autres sociétés ne se sont jamais mises à fondre des puces et ont laissé le monopole à la société taïwanaise. Cette dernière a investi des sommes colossales et propose désormais la plus petite puce du marché.

Les tensions entre Etats ont perturbé les relations commerciales et ont pesé sur les difficultés à s’approvisionner en matière première. Pour produire ces composants, des minerais sont nécessaires, cependant la rentabilité des mines est en forte baisse. Cela est dû au fait qu’elles doivent utiliser davantage d’énergie pour creuser en profondeur et au gisement dont la concentration est de plus en plus faible.

 

 

Ce classement des plus grandes sociétés en termes de chiffre d’affaires dans le secteur des semiconducteurs inclue huit fournisseurs américains, deux coréens (Samsung et SK Hynix), deux taïwanais (TSMC et Media Tek), deux européens (le franco-italien STM et l’allemand Infineon) et un japonais (Kioxia). Apple est un cas à part dans ce classement, car la multinationale américaine produit uniquement ses propres processeurs et circuits intégrés sans les revendre à d’autres concurrents. Avec l’accélération digitale, ce domaine d’activité a été très résilient durant la crise du Covid et la croissance a été forte.

 

Analyse graphique de deux des principales sociétés européennes de semiconducteurs

  • STMicroelectronics (daily)

 

La forte correction récente du titre et les indicateurs techniques positifs nous amènent à nous positionner à l’achat sur STMicroelectronics. Le titre est peu cher, il a perdu 15% depuis le 15 février. De nombreux indicateurs nous donnent une tendance de retournement à la hausse sur le court terme. Les volumes échangés sur l’action STMicroelectronics sont importants. Le RSI à 41,86 est en hausse et à encore un gros potentiel. Le MACD vient de croiser sa ligne de signal à la hausse. De plus, le cours vient de repasser au-dessus du point pivot des 30,27€. Tant que le cours évolue au-dessus des 28,94€ nous restons à l’achat. Une cassure de la résistance des 31,7€ relancerait la tension haussière sur le titre.

 

  • Infineon (daily)

 

Nous jouons la hausse sur Infineon. La moyenne mobile 20 jours est au-dessus de celle à 50 jours. Les cours du titre sont venus rebondir sur le support des 32,28€. Tant que le cours se situe au-dessus de ce niveau, nous nous positionnons à l’achat. Le franchissement de la résistance des 35,35 viendrait relever les objectifs haussiers. Les volumes sont conséquents sur l’action Infineon et le RSI évolue à 61 avec encore du potentiel avant d’arriver en zone de surachat. La vigueur en court dans la demande du secteur automobile et électronique devrait aider l’action à progresser.

 

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